mercredi 1 avril 2015

Petit topo sur le vaccin contre le Rotavirus par le Docteur Claudina Michal-Teitelbaum

Les commentaires de Claudina Michal-Teitelbaum sur le blog de docteur du 16 sont souvent très riches d'informations, éclairants et offres des bases de réflexions essentielles. J'ai décidé d'en présenter régulièrement sur ce blog dédié à la santé publique. Attention étant des commentaires d'articles la rédaction et le contenu sont à replacer dans leur contexte. 


Le vaccin contre le rotavirus, Rotarix de GSK donné par voie orale en deux doses, et Rotateq de Sanofi, donné par voie orale en 3 doses, se proposent de diminuer la fréquence des hospitalisations et des décès dus aux gastro-entérites à rotavirus chez le jeune enfant.
Les hospitalisations consécutives à une gastro-entérite virale, sont généralement dues à la déshydratation provoquée par la diarrhée en l’absence de prise de solutés de réhydratation, qui sont une prévention très efficace de la déshydratation. Les médecins français, travaillés au corps par des visiteurs médicaux qui leur expliquent qu’ils ont le médicament miracle pour traiter la diarrhée, sont restés longtemps et sont encore peu prescripteurs de solutés de réhydratation, bien que la prescription de ceux-ci ait progressé ces dernières années, expliquant, sans doute, la réduction concomittante du nombre d’hospitalisation et de décès dus aux gastro-entérites.
En novembre 2013, le HCSP a rendu un avis favorable à la généralisation du vaccin contre le rotavirus chez les nourrissons de moins de 6 mois http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=404 . D’après le HCSP, et des études avec conflits d’intérêts, parfois inavoués, les gastro-entérites à rotavirus représenteraient 155 000 GE [Gastro-Entérite] vues en ville soit 20% environ des GE vues en ville et quelques 45% des quelques 30 000 hospitalisations pour GE soit 14 000 hospitalisations. Le HCSP évalue aussi entre 7,6 et 17,3 le nombre moyen de décès par an dus au rotavirus en France.
Le Canard enchaîné, révèle que des effets indésirables graves des vaccins contre le rotavirus, y compris des décès de nourrissons, avaient été oubliés dans les tiroirs du laboratoire GSK depuis 2012 et étaient connus depuis décembre 2014 par l’ANSM [Agence Nationale de Sécurité du Médicament], qui se décide à les rendre publics quelques heures avant que le Canard enchaîné révèle cette affaire Coïncidence ?
Le HCSP ne connaissait donc pas ces effets indésirables graves lorsqu’il s’est prononcé. Les laboratoires étaient en train de négocier le remboursement des vaccins, qui auraient coûté de 120 à 150 euros pour une vaccination complète.
Le HCSP avait en partie basé sa décision de 2013 sur la difficulté à augmenter la prescription de SRO [Soluté de Réhydratation Orale] par les médecins, ce qui aurait abouti à une diminution des hospitalisations sans risques pour les nourrissons. Compte tenu : « d’un impact désormais limité des campagnes d’incitation à mieux utiliser les solutés de réhydratation orale pour le traitement des diarrhées aiguës du nourrisson âgé de moins de un an» 
Le HCSP s’était aussi basé sur les résultats obtenus dans des pays industrialisés (dans des études sans conflits d’intérêts ?) . 

La moitié des effets indésirables graves évalués par le comité technique de pharmacovigilance en décembre 2014, et le 10 février 2015, n’étaient pas connus des autorités puisque GSK les avait gardés pour lui. (ANSM 31/3 http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Vaccins-contre-les-rotavirus-RotaTeq-et-Rotarix-et-rappel-sur-la-prise-en-charge-de-l-invagination-intestinale-aigue-du-nourrisson-Point-d-Information )
Sur 491 000 nourrissons, les deux vaccins confondus, vaccinés jusqu’à octobre 2014, 201 effets indésirables graves déclarés (il s’agit de pharmacoviglance passive).161 pour le Rotarix, 40 pour le Rotateq Soit 40 pour 100 000 nourrissons vaccinés, effets indésirables bien plus fréquents que ceux rencontrés avec les autres vaccins pédiatriques...  47 cas d’invaginations intestinales (35 pour Rotarix, dont un plus grand nombre de doses a été distribué , et 12 pour Rotateq). Ces invaginations intestinales, surviennent en majorité pendant les 7 jours suivant la vaccination, et présentent la caractéristique d’être particulièrement graves, notamment à cause du jeune âge des nourrissons vaccinés, car les invaginations intestinales spontanées surviennent plus tard. Mais peut-être aussi en raison d’un retard de la prise en charge. Les risques d’invagination étaient connus. Le HCSP en avait minimisé la gravité (HCSP : d’une évaluation désormais précise du risque de survenue d’invaginations intestinales aiguës post-vaccination, pour les deux vaccins. Comparé à la fréquence des IIA [Invagination Intestinale Aigüe] spontanées, ce risque est faible (1 à 6 cas pour 100 000 enfants vaccinés) essentiellement limité à la période de 7 jours suivant l’administration de la première dose. L’information des familles par le vaccinateur sur ce risque ainsi que sur les manifestations cliniques d’invagination intestinale aiguë et la nécessité de consulter sans délai doivent permettre une prise en charge précoce de cette affection, par ailleurs traitée le plus souvent de manière simple dans le contexte de notre système hospitalier » ; 

- Des rectorrhagies graves (perte de sang par l’anus) (13 pour le Rotarix, 2 pour le Rotateq)
- Gastro-entérites et diarrhées graves (44 pour le Rotarix et 3 pour le Rotateq). A signaler que pendant les essais cliniques les diarrhées étaient un effet indésirable fréquent concernant 1 à 10% des nourrissons
- Malaises graves dus à des fausser routes (3 pour le Rotarix et 2 pour le Rotateq)
Le reste étant composé d’EI [Effets Indésirables] cutanés, de l’inefficacité du vaccin, et de EI hématologiques.

Mais il existe aussi des cas suspects d’entérocolite nécrosante (nécrose du colon) , 8 cas dans la base Edravigilance dont un cas mortel.
Aux Etats-Unis la FDA avait considéré comme probable l’association avec des cas de maladie de Kawasaki, non pris en compte par l’agence européenne du médicament.

La commission de pharmacovigilance émet des réserves sur la poursuite d’une vaccination généralisée : «Les membres du CTPV s'interrogent sur le bien-fondé de recommander la généralisation de cette vaccination en France et demandent que ce rapport soit transmis rapidement à la Haute Autorité de Santé et à la Direction Générale de la Santé. »

Marisol Touraine prend la défense du vaccin et est secondée par l’épidémiologiste Catherine Hill de l’institut Gustave Roussy, appelée aussi « la femme aux 1000 conflits d’intérêts ». http://www.liberation.fr/societe/2015/04/01/vacciner-les-nourrissons-contre-les-rotavirus-reste-une-bonne-mesure-de-sante-publique_1232993


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Je ne voudrais pas paraître pessimiste, à propos de ce qui vient de se passer avec le vaccin contre le rotavirus, mais il y a peut-être une raison bien précise à ce que GSK ait brutalement retrouvé quelques dizaines d’effets indésirables graves pour son vaccin Rotarix au fond de ses tiroirs. Et c’est la même raison qui fait qu’il y a pénurie de vaccins combinés DTP en France.
L’inde a décidé de donner accès gratuitement à plusieurs vaccins depuis juillet 2014 dont celui contre le rotavirus (le délire continue, à l’évidence les 47 000 enfants qui décèdent de diarrhée, d’après MSF, décèdent surtout à cause du défaut d’accès à l’eau potable et de la malnutrition, et non à cause du manque de vaccins). GSK et Merck font partie des deux laboratoires qui sont sur les rangs pour fournir les vaccins, au pris de 2,50 $ pour GSK. GSK voulait probablement se défaire de l’obligation devenue encombrante de fournir des vaccins à la France puisque le marché indien, porte d’entrée pour le marché mondial des pays émergents est bien plus intéressant. La découverte opportune des EI « oubliés » dans un tiroir va lui permettre de se retirer sans avoir à donner des explications 
http://www.msfaccess.org/sites/default/files/MSF_assets/Vaccines/Docs/MSF_The_Right_Shot_ProductCard_RV.pdf . Dans ce rapport MSF affirme que le vaccin Rotarix le plus prescrit en France, multiplierait par 8 le risque d’invagination.
Donc, GSK se sert des effets indésirables, comme les firmes pharmaceutiques l’ont toujours fait, comme un élément de leur stratégie commerciale.

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Ce que je dis sur le vaccins contre le rotavirus n’est qu’une hypothèse. Je ne prétends pas que ce soit la vérité. Cela permettrait d’expliquer pourquoi des décès de nourrissons oubliés au fond des armoires de GSK ont ressurgi mystérieusement à tel moment, pour atterrir directement sur les bureau de comité technique de pharmacovigilance, alors qu’ils auraient pu rester enterrés là jusqu’à la fin des temps. Quelqu’un, peut-être un membre de ce comité ou autre, s’est visiblement ému que l’ANSM ne bouge pas le petit doigt en trois mois depuis décembre (l’ANSM est tout de même une des agences européennes les plus sollicitées pour libérer des lots de vaccins et les laboratoires payent pour ça ; très mauvaise pub pour l’ANSM) et a décidé de livrer l’affaire au Canard enchaîné. L’ANSM aurait été prévenue on ne sait comment et a pris les devants in extrémis.


Sourcehttp://docteurdu16.blogspot.de




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